La belle histoire du negro-spiritual par Paul Sartiaux

Publié le par ELIKIA

In "Viens t'en" n° 8 & 9 - ACJ Belgique - janvier & mai 1965


La belle HISTOIRE du negro-spiritual commence au début du dix-septième siècle et vraisemblablement en 1619, à Jamestown, où débarquent les 14 premiers africains sur la terre des États-Unis. Puis l'année suivante, les pèlerins de la " Mayflower " abordent la côte du Massachusetts, apportant avec eux l'instrument de leur foi: un livre de psaumes arrangés par le Révérend Henry Ainsworth.

Quelques années plus tard les puritains anglais introduisent à leur tour les psaumes calvinistes. En Louisiane, où la religion des colons français était le catholicisme romain c'est le chant grégorien qui donne le ton. Au début de son exil, le noir s'attache, par une sorte de nostalgie à ressusciter les mœurs de sa terre ancestrale. Mais bientôt, il s'empare avec enthousiasme du christianisme, cette religion qui lui donne l'espoir qu'un autre monde meilleur lui sera bientôt offert. Et cet idéal donne naissance à cette suite de chants exaltant la patience, l'amour, la foi, l'espoir.


Dans les premières éditions du premier livre de psaumes, le "Bay Psalm book"  parues en 1640, ne figure aucune musique. C'est dire qu'esclaves noirs et colons chantent sur des airs et rythmes qui leur semblent les plus appropriés. Le negro-spiritual, forme musicale forte et originale, est né. Sa FORME rappellera exactement la structure des chants collectifs africains: une alternance régulière d'un verset chanté en solo et d'un autre verset, toujours le même, repris par le chœur.

Les premiers exilés africains chantent, pour rythmer le travail collectif, de très simples mélopées semblables à celles de leurs ancêtres. Mais, forcés par les circonstances, ils oublient peu à peu leur idiome primitif pour adopter la LANGUE de leurs maîtres: l'anglais. Leur voix particulière va pétrir et modeler cette langue en lui donnant une consonance très spéciale. Ils avalent instinctivement certaines voyelles pour reproduire dans les mots qu'ils emploient un déhanchement verbal, une désarticulation continuelle. Ainsi, plutôt que de prononcer " Heaven " (le ciel) en deux syllabes d'égale durée, disent-ils " heb'n ", ce qui communique au mot une allure curieusement syncopée, la première syllabe étant brève et accentuée, la seconde longue et véritablement bourdonnée. Cet escamotage des syllabes les plus faibles a aussi pour effet de mettre fortement en relief les accents essentiels des phrases et donne à celles-ci un rythme balancé qu'elles ne possédaient pas originellement.
Chants issus de la nostalgie et conçus dans un esprit d'humilité et d'élévation religieuse, le TEXTE des negro-spirituals célèbre sous le couvert d'histoires bibliques, le malheur de l'esclavage et le désir d'un monde meilleur.

Le negro-spiritual exprime la philosophie simpliste du noir, patient dans ce monde parce que la vie future sera triomphale alors que le "gospel song" est un chant évangélique rapportant à sa manière les épisodes bibliques et le "blues" dans sa forme vocale, qui est la forme primitive, une complainte de caractère profane. Le secret même de ce qui constitue l'accent particulier du negro-spiritual,
comme du gospel, du blues et du jazz réside dans le RYTHME, sur le balancement des phrases et la place des accents essentiels de celles-ci. En effet, en anglais, les accents tombent en général sur l'avant-dernière syllabe des mots alors que prononcée comme le ferait un noir la phrase acquiert
soudain une valeur rythmique et même mélodique insoupçonnée.


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