Saint Paul, un misogyne ? par la sœur Christiane Hourticq

Publié le par ELIKIA

Une belle leçon que cet article de la Sœur Christiane Hourticq Auxiliatrice découvert dans les archives du site de La croix et que je voulais absolument partager avec les lecteurs de ce blog. Bonne lecture et bonne méditation.

 

 

La proposition d'étudier les épîtres de Paul se heurte souvent à des protestations : « Il a dit trop de mal des femmes. C'est à cause de lui que nous avons tant de difficulté à trouver notre place dans l'Église... » En pareil cas, j'essaie de convaincre mes interlocutrices qu'elles s'infligent une double peine. Non seulement elles sont obligées d'assumer la présence dans l'Écriture de propos dont on se passerait volontiers, mais elles se privent de l'extraordinaire lumière qu'apporte sur le mystère du Christ l'expérience d'un homme qui avait reçu d'en vivre de tout son être.

Dans ce procès, je voudrais me faire l'avocate de saint Paul. C'est bien lui qui a écrit : « Tous, vous êtes, par la foi, fils de Dieu, en Jésus-Christ. Oui, vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n'y a plus ni Juif, ni Grec ; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n'y a plus l'homme et la femme ; car tous, vous n'êtes qu'un en Jésus-Christ » (Ga 3, 26-28). Autrement dit, la relation à Dieu dans le Christ est le fondement d'une égalité radicale.

Cette nouveauté absolue, Paul savait l'inscrire dans les faits. Impossible d'énumérer ici toutes les femmes qu'il évoque, sans cacher son admiration et sa reconnaissance. Non seulement il les compte parmi les personnes qui lui sont chères, ses collaborateurs qui ont peiné pour le Christ (Rm 16), mais il ne leur refuse pas les titres de « prophète » (1 Co 11, 4), de « diacre » (Rm 16, 1) et même d'« apôtre » (Rm 16, 7).

Alors, pourquoi sa prise de position « machiste » dans une affaire de voile ? (1 Co 11, 3-16) ? Pourquoi cette injonction « que les femmes se taisent dans les assemblées ! » (1 Co 14, 34-35), dont l'application a été si rigoureuse pendant des siècles ? Rendons justice à Paul : il écrit à la communauté de Corinthe où il y a de graves problèmes. Les femmes « libérées » y ont des comportements désordonnés. Paul n'a qu'un objectif : que le repas du Seigneur soit célébré dans la dignité. Passionné, de tempérament bouillant, il se lance, à propos du voile, dans une argumentation embrouillée et peu convaincante, devenue pour nous quasi incompréhensible. Quant à la consigne de silence, elle est, en la circonstance, une invitation à éviter les exclamations et les questions intempestives. Ce n'est pas l'interdiction de prendre la parole - sinon, comment les femmes pourraient-elles prophétiser ? C'est un encouragement à avoir à la maison, entre époux chrétiens, des échanges sur des questions de foi. Est-ce si rétrograde que cela ?

Je ne dis rien des épîtres aux Éphésiens, aux Colossiens, à Timothée et à Tite, parce qu'elles ont été rédigées plus tard par des successeurs de Paul.

Concluons. Non, Paul n'était pas misogyne. Par le statut qu'il reconnaissait aux femmes et la place qu'il leur accordait, il était très en avance sur la société de son temps. Peut-on toujours en dire autant de l'Église d'aujourd'hui ?


HOURTICQ Christiane

 

 

 

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