Césaire un jour... Césaire pour toujours..

Comme toujours j'ai un train de retard...

Mais mieux tard que jamais et pour évoquer Aimé Césaire, il n'est jamais trop tard.

C'est sûr que le dimanche matin, il n'y a pas foule devant la télévision et je ne sais plus comment j'ai découvert la série "Empreintes" de France 5. Mais cela en valait la peine. Si j'en crois la présentation, c'est une série de 120 documentaires de 52 minutes qui s'attache à mettre en lumière des personnalités (toujours vivantes) qui ont marqué de leur empreinte l'histoire contemporaine de notre pays. Et dimanche 9 novembre j'ai eu l'occasion de découvrir le documentaire consacré à Aimé Césaire et intitulé "Aimé Césaire, un nègre fondamental". Joie de revoir des images d'archives de discours mais aussi indicible plaisir de voir le vieil homme revenir sur son parcours avec lucidité sur lui, les autres et le monde telle qu'il fut, tel qu'il est et tel qu'il se profile.

Saisissant.

Tout cela m'a donné envie de replonger dans le "cahier d'un retour au pays natal" du poète de l'universelle fraternité.

Je ne résiste pas à l'idée de partager quelques extraits de cet ouvrage. Alors ce plaisir virtuel n'a rien d'égal à celui de la lecture de Césaire au saut du lit par un lecteur passionné... Mais les mots sont là, vifs, tranchants et bouleversants.

Cahier d'un retour au pays natal - extraits

(...) "Partir.
Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
panthères, je serais un homme-juif
un homme-cafre
un homme-hindou-de-Calcutta
un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas

(...) mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot?

(...) Et venant je me dirais à moi-même :
« Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »